Pendant le confinement, et cela durera encore pendant des mois, les cérémonies sont courtes et limitées aux proches. Mais malgré les restrictions, nous pouvons inventer de nouveaux rituels qui ressemblent à ceux qui nous quittent.

Ne vous fiez pas à la photo, à son air sympa, cool et souriant. Jean-Marc Roques portait bien son nom.

Il était rock’n roll Jean-Marc.

Surfer, skater, « il avait son côté badass » comme disent ses neveux. Jean-Marc a mené une vie de libre penseur, de rebelle… et de poète aussi. Ce n’est pas par hasard, s’il a voulu partir avec ce graph de Banksy sur son tee shirt dans le cercueil : un émeutier qui lance un bouquet de fleurs

Jean-Marc est mort d’un cancer le 8 avril 2020 dans une France confinée où les deuils sont confisqués. Depuis le 17 mars, seule une poignée de proches est autorisée à assister à la levée de corps, les cérémonies sont impossibles et les adieux entravés.

La sœur de Jean-Marc, qui est sociétaire de Syprès a naturellement fait appel à la coopérative dès que l’état de son frère est devenu alarmant. Voici son témoignage.

« Les médecins nous ont alerté en janvier et nous avons une réunion préparatoire avec Syprès dès février. Mon frère ne souhaitait pas participer à cette préparation au départ. Il souhaitait simplement être incinéré. Le reste l’indifférait. Mais ce fut très bénéfique pour maman de savoir qu’elle n’aurait pas à se soucier des contingences matérielles, administratives, de l’enlèvement du corps, de toutes les formalités. Nous savions qu’elle pouvait appeler Olivier chez Syprès à tout moment. Maman a pu faire face plus facilement après cette première réunion, elle a pleuré, bien sûr mais elle est entrée dans la réalité des choses. C’était important psychologiquement. Et nous avons pu, toutes deux, commencer à faire le deuil. »

Une cérémonie sereine

Quand Jean-Marc est décédé, Syprès a bien sûr géré l’administratif, les démarches à la mairie, etc. Mais ce n’était pas juste deux personnes des pompes funèbres qui venaient enlever le corps, c’était humain, chaleureux.

On s’est aussi reposé sur eux pendant la cérémonie qui avait été préparée avec Edileuza, la célébrante. C’était étrangement serein. Ils nous ont contenus dans notre deuil.

La mini cérémonie s’est déroulée pour la fermeture du cercueil avant l’incinération à Mérignac. Nous n’étions que cinq proches et nous n’avions que 30 minutes. Mais ce fut une demi-heure très pleine. Nous avons pu avoir des gestes vers lui, déposer des fleurs sauvages ,un coeur en lierre, l’embrasser le toucher, écouter Hegoak, un chant basque qu’il aimait, qui parle de liberté et de choix

Edileuza a lu des poèmes de mes enfants qu’il appelait mes joyaux

Un lien secret

Des amis ont écrit des lettres. On les a imprimés, mises sous enveloppe et déposés dans le cercueil. Et il est parti avec… Ce geste à distance a créé le lien avec les absents. Un lien secret.

Enfin nous avons écouté ensemble une dernière chanson, « Le caravanier » de Julien Clerc, une chanson que nous adorions enfants et que nous chantions souvent en voiture.

« Je suis le caravanier d’un grand voyage organisé, prémédité en liberté dans les limites d’un été…

Sur la piste des savanes, nous vivons en liberté dans les limites d’un été

Un safari prémédité dont je suis le caravanier … »

« Puis Olivier et Edileuza de Syprès ont accompagné le corps jusqu’à l’incinération. Aucun autre hommage n’était possible. Après l’épidémie, nous retrouverons l’urne et nous ferons alors une véritable cérémonie… Mais nous ne sommes pas pressés…. »