Le samedi 23 octobre dernier, a eu lieu un Café Mortel au café culturel le « Pourquoi Pas ? ». Découvrez le ressenti de Charlotte et Ruben qui y ont assisté :

« Le regard s’ouvre sur le haut mur couvert de passiflore dans la cour de l’Union St Jean, les cheminées de briques rouges et le ciel bleu, limpide.
Un grand cercle de chaises longues, fauteuils et petites tables accueille les participants du café mortel, habitués ou curieux. Thé, café, bière, limonade, hot-dog se posent sur les tables. Chacun s’installe dans l’ambiance douce d’une après-midi d’automne. Une toute petite fille tire sur le pantalon de son papa « viens là ».

Une bougie est allumée. Les premiers mots et le premier silence sont pour Marie-Priska partie quelques jours plus tôt.
Après un temps, la parole circule.

Les formes minérales des cimetières français.

Les forêts cinéraires d’Allemagne protégeant les arbres de toute exploitation et le lieu de recueillement des vivants. 

L’attraction touristique de la colline aux croix en Lituanie et sa stèle en forme de château gonflable.

Les tombes des animaux de compagnie sur les terres Écossaises.

Comment transmettre la trace d’un instant de vie
devenu brutalement une archive ?

Les morts imminentes et la sensation d’amour extrême.

Et les enfants, perçoivent-ils la mort différemment ?

L’expérience de mourir à soi-même.

Les relations avec les avatars des disparus.

La perte de sacré des images des défunts dans la profusion numérique.

Mais qu’est-ce que faire le deuil ?

Le clone du chien adoré.

Le chat Nino traverse la salle à la recherche de caresses, passe entre les chaises longues et se pose sur l’accoudoir du canapé.

Les visites des morts dans les rêves et ceux qui sauvent.

Le passé est-il une suite d’instants figés ?

La parole se pose un instant puis se transmet dans ce mouvement où chacun des volontaires évoque un questionnement, une expérience, un livre. Ce qui se produit de très simple et très beau à la fois c’est l’expérience de la parole et de son pouvoir de transformation de nos vécus et de nos imaginaires dans les récits qui se tissent spontanément. »

Texte de Charlotte Bonnefon

Témoignage de Ruben :
« Ce café mortel a été à bien des égards une expérience unique. Au début je m’attendais à une conversation froide et morbide centrée principalement sur la mort et le deuil mais finalement à mon grand étonnement cela s’est transformé en une discussion où chacun a pu partager son histoire, sa culture et son point de vue dans une bienveillance totale, sans que cela devienne gênant ou intimidant de parler devant des inconnus, je me suis senti apaisé de pouvoir parler à des personnes qui ont vécu la même chose que moi et de voir qu’au-delà de l’aspect extérieur l’on pouvait même trouver à la mort une certaine forme de beauté. »