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Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Quel est ton parcours ?

Je m’appelle Olivier GALLET et je viens de la région de l’Isère, une région qui est proche des Alpes.  Je vis à Bordeaux depuis plus de 20 ans, une ville que j’ai connue en tant qu’étudiant. Si je suis bien installé à Bordeaux, je n’ai pas renoncé à la montagne et ce qu’elle offre comme ressourcement.

J’ai commencé mon parcours professionnel par le développement international, notamment en Amérique du Sud où j’ai vécu, en tout, sept années. Je ne suis pas ressorti indemne (ni célibataire) de ces expériences latino-américaines.

J’étais très engagé dans l’éducation populaire et la jeunesse, aux CEMEA qui est un organisme de formation et aux Éclaireuses et Éclaireurs de France où j’ai passé mon enfance, mes premières expériences d’animation avant de revenir comme délégué régional pendant dix ans.

J’ai alterné les reprises d’études et les projets autour de la jeunesse. Pour mes études, je suis passé par le développement international, l’ethnologie et la science politique. J’ai toujours eu besoin d’avoir un pied dans les sciences humaines pour comprendre ce qui se passe et un autre sur des projets afin d’agir et essayer de changer les choses.

Ma dernière expérience avec la jeunesse était juste avant Syprès avec la création de l’Association Osons Ici et Maintenant. J’étais responsable de la programmation des Fabrik à Déclik. un rassemblement de transition dans la vie des jeunes avec une vraie dimension de rite de passage.   Travailler sur les rites de passage de la jeunesse m’a permis  de faire l’analogie avec les rites de fin de vie et de la mort.

Et bien justement pourquoi s’intéresser à cette étape de la vie ?

La mort est un sujet à la fois effrayant et fascinant comme le dit Jankelevitch. Pour ce qui me concerne, il faut dire que je n’étais pas franchement attiré pour mettre l’« habit » du professionnel des pompes funèbres. Mais, je me suis rendu-compte du décalage entre l’offre funéraire et les attentes des personnes. Il y a de vrais besoins de changement et ça soulève des questions sociales et sociétales essentielles. Mes perceptions se sont confirmées quand Edileuza s’est formée au métier de célébrant et a commencé à animer des cafés mortels. Elle a rencontré des acteurs du funéraire pas du tout intéressés par ce nouveau métier et en même temps, de plus en plus de gens qui en attendaient autre chose – surtout plus de rituels. De mon côté, j’ai commencé à éplucher la littérature et à me rapprocher du modèle des coopératives funéraires du Québec qui offrent une alternative et sont devenues un acteur incontournable.

Si d’autres secteurs d’activité sont très investis par l’économie Sociale et Solidaire, tout reste à faire dans le secteur funéraire. De plus, nous sommes aujourd’hui face à un grand changement avec la baisse du fait religieux et l’arrivée des baby-boomers en fin de vie. Autant de sujets qui bouleversent notre regard sur la mort.

Tu as toujours cette appréhension du secteur funéraire ?

Non, plus du tout. Lorsque la confiance et l’écoute sont possibles avec les familles que l’on accompagne (après les trop longues démarches administratives), je trouve que nous avons accès à un moment très précieux, très émouvant : Celui d’essayer de saisir la vie d’une personne, de ses relations, ses valeurs… Et ce, en très peu de temps. Je suis souvent étonné de repartir inspiré de personnes que je n’ai pas connues. Ce sont leurs proches qui me partagent l’essentiel, ce qui est vraiment important dans l’aboutissement d’une vie. Cela peut avoir une influence dans la relation avec mes proches ou dans mes choix personnels.

Et pourquoi Syprès ?

Syprès est une société coopérative d’intérêt collectif, une SCIC. La structuration juridique permet de garantir des valeurs et notamment, de ne pas être engagé sur un projet basé en premier lieu sur la lucrativité économique alors que nous devons nous occuper de personnes fragilisées. Syprès est fondé d’abord sur un projet social partagé avec ses membres. C’est important, depuis la loi de 1993 le secteur représente une source importante d’investissements économiques et d’une concurrence accrue. Quoi qu’il arrive, les familles accompagnées par Syprès paieront un prix juste.

L’écologie est aussi une orientation importante de Syprès et ce depuis la naissance du projet.

Enfin, La dimension de la recherche et développement me semble fondamentale. Nous sommes sur une volonté de changer de regard sur un sujet de société. Nous n’avons pas toutes les réponses et il est nécessaire de prendre le temps de la recherche pour trouver des solutions avec les familles, avec les professionnels confrontés à la mort et avec les collectivités. C’est un engagement sur du temps long et qui fait appel à la complexité de l’innovation sociale. On essaye de trouver des solutions concrètes.

Quelles sont tes responsabilités ?

J’endosse deux rôles :

La coordination du projet, c’est-à-dire des équipes à la fois auprès des salariés et des bénévoles.

Mais j’assure également le rôle de président, c’est-à-dire que j’ai la charge de guider le projet politique de Syprès. J’ai un mandat de quatre ans qui vient d’être renouvelé. Et dans cette fonction je suis soutenu par le conseil coopératif aujourd’hui composé de neuf personnes. On se retrouve tous les mois.

Et ton quotidien ?

Mes journées peuvent être très différentes ; Je peux travailler sur du très court terme, voire de l’urgence quand j’accompagne des familles pour la préparation des obsèques. On est une petite équipe, j’ai donc un rôle opérationnel qui s’adapte à une activité que l’on ne prévoit pas et qui nécessite des astreintes le week-end.

J’ai des missions à moyen terme dans la coordination de l’équipe professionnelle, des projets, des partenariats et la gestion comptable.

Enfin, j’assure une projection à long terme en tentant de mener une vision sur une réalité économique tout en envisageant nos services à venir.

Qu’est-ce que tu trouves dans cette aventure ?

C’est un vrai défi de monter un projet comme Syprès.

Beaucoup de personnes sont impliquées, il y a aujourd’hui 260 sociétaires de la coopérative. Je trouve ça énorme de compter sur autant de personnes engagées sur cette activité.

Il y a des vraies satisfactions, des célébrations, mais aussi, des moments compliqués, des moments de doutes, sans revenir sur des aspects économiques. Il faut dire que sans Edileuza, le projet n’aurait pas pu se faire.

Pour ma part, j’ai appris trois métiers :

 

    • Chef d’entreprise, c’est un métier qui s’apprend. Et le défi est encore plus important avec une entreprise coopérative car les enjeux sont plus importants. J’ai beaucoup appris en intégrant le réseau Entreprendre. Un réseau de chefs d’entreprises. J’ai été suivi pendant deux ans.

    • Conseiller funéraire, c’est un métier de l’écoute (surtout à Syprès) mais aussi du détail. Il faut connaître les acteurs du secteur, les ficelles du métier.

    • Et puis, ingénieur en innovation sociale, qui était mon leitomotiv, un métier nouveau qui m’intéresse au plus haut point. Depuis le début les accompagnements d’ATIS et d’ELLYX ont été très précieux.